Insecte vert escaladant un rocher au bord d’un lac.

Émergence de la libellule

Le billet du jour provient d’Evan McCaul, écologiste, zone nord-ouest de Parcs Ontario. 

Dans le cadre d’un inventaire écologique du parc provincial Brightsand River, le personnel de Parcs Ontario a observé et enregistré une émergence de grande ampleur de libellules, y compris l’hagenius brevistylus, la plus grande libellule de la famille des gomphides en Amérique du Nord!

Le parc provincial Brightsand River est un parc de 41 250 ha entrant dans la catégorie de préservation des cours d’eau et situé à 150 km au nord-ouest de Thunder Bay (par voie aérienne). Le personnel de Parcs Ontario a visité le site en juin et a dressé un inventaire des caractéristiques du domaine des sciences naturelles de cette aire protégée.

Rivière tumultueuse bordée de conifères, sous un ciel bleu.
Parc provincial Brightsand River

Les études de terrain en sciences naturelles sont importantes pour observer les conditions écologiques et pour mieux comprendre les ressources naturelles de Parcs Ontario.

Carte montrant un grand lac dans le coin supérieur droit.
Carte de localisation du parc provincial Brightsand River

La reine des libellules

L’hagenius brevistylus chasse souvent les autres libellules. Lorsqu’une proie est capturée, elle est avalée tête première!

Grande libellule tenue dans une main.
La libellule hagenius brevistylus

Cette libellule consomme également d’autres gros insectes (phalènes et papillons). L’exuvie (enveloppe larvaire vide) que l’on voit sur la photo ci-dessous est clairement reconnaissable avec son grand abdomen en forme d’éventail.

Exuvie ou enveloppe larvaire vide

Une histoire ancienne sur la planète

Les libellules sont connues comme l’un des premiers insectes ailés à évoluer il y a 300 millions d’années! Ils appartiennent à un ordre appelé odonates ou « insectes dentés ».

Comme la plupart des autres insectes, elles ont une tête avec deux antennes, un thorax portant six pattes et quatre ailes ainsi qu’un abdomen. Leur vie commence sous forme d’œuf déposé dans l’eau ou près de l’eau. Ces œufs éclosent en larves aquatiques et c’est à ce stade que les libellules passent la majeure partie de leur vie.

De larve à libellule – l’éclosion

Selon les espèces, le stade aquatique peut durer de quelques mois à quatre ans ou plus. Lorsque les larves sont matures, elles se dirigent vers le bord de l’eau et grimpent sur des rochers, des rondins, des structures émergentes (par exemple les quais) ou le rivage même.

Libellule verte, ailes non déployées, sur une rive.
Larve de libellule, avant l’éclosion

Lorsqu’elle est ancrée au littoral, la larve « éclate » et la libellule adulte émerge de la larve. À sa naissance, la libellule présente une masse ailée froissée et une courte masse corporelle. De là, la transformation se produit assez rapidement et, à peu près en 30 minutes, les ailes sont « gorgées » d’hémolymphe (sang d’insecte) et le corps atteint sa taille maximale.

Insecte vert escaladant un rocher au bord d’un lac.
Éclosion d’une libellule

La libellule peut ensuite voler à l’abri pour sécher et durcir au cours des quelques heures ou jours qui suivent. Une libellule naissante est très vulnérable pendant cette période, car elle ne peut échapper aux prédateurs comme les grenouilles ou les oiseaux.

Libellules dans le ciel

Il y a plus de 5 000 espèces de libellules dans le monde, dont environ 130 ont été répertoriées en Ontario. Les libellules adultes ont une durée de vie relativement courte par rapport à leur durée de vie à l’état larvaire.

Alors que les larves peuvent vivre plus de quatre ans, les libellules adultes disposent en moyenne de quatre à six semaines pour se développer, se nourrir, trouver un partenaire, se reproduire et pondre pour la génération suivante.

Un prédateur redoutable et habile

Les libellules ont deux paires d’ailes qui leur permettent de voler à la verticale vers le haut ou vers le bas, de reculer et de voler à l’envers ou sur place pour poursuivre et capturer des proies. De plus, elles ont une vision de près de 360 degrés qui leur permet de détecter et de traquer rapidement leurs aliments.

Libellule colorée mangeant une autre libellule.
Une libellule consommant une autre libellule plus petite

Les libellules sont de grands chasseurs tant à l’état larvaire que dans leur vie adulte. Au stade larvaire, elles vivent dans l’eau et mangent tout ce qui passe près d’elles, y compris des insectes aquatiques, des têtards et de petits poissons. En fait, les larves de libellules sont généralement les plus grands carnassiers dans les habitats d’eau douce sans poisson!

Adultes, les libellules mangent des mouches, des moustiques, des sauterelles, des papillons, des fourmis volantes et même d’autres libellules, qu’elles attrapent en plein vol.

Adversaires formidables

Membre du personnel de Parcs Ontario, en bottes-pantalon, avec un filet dans le lac, à l'affût de libellules.
Chasse aux libellules

Les larves de libellule et les adultes sont eux-mêmes une source de nourriture pour d’autres animaux. Les nymphes sont la proie de poissons et d’amphibiens, tandis que les adultes sont capturés par divers oiseaux, dont les quiscales rouilleux, que l’on a observés à Brightsand River volant en allers et venues le long du rivage et attrapant des libellules pour nourrir leurs oisillons.

Les odonates sont menacés non seulement en Ontario, mais plus loin également. Le changement climatique peut être l’un des facteurs les plus importants dans la réduction des populations d’odonates. La sécheresse provoque l’assèchement des étangs peu profonds et lorsque cette situation perdure plusieurs années, la faune des odonates disparaît.

Non seulement la sécheresse est devenue plus fréquente, mais de fortes pluies ont également eu lieu et les cours d’eau risquent toujours d’être emportés par les inondations. Les courants violents peuvent racler le lit d’une rivière et éliminer le limon et le sable essentiels à l’habitat larvaire. La montée de l’eau peut faire disparaître les individus émergents.

La science salvatrice!

Voilà pourquoi les études comme celles réalisées par Parcs Ontario sont essentielles pour nous permettre de comprendre la répartition et les préférences en matière d’habitat de nos populations de libellules et de demoiselles.

Canot chargé de matériel, hissé sur la rive d’une plage.
Exploration du rivage de Brightsand River

L’étude des odonates ne consiste pas uniquement à recueillir d’importantes données scientifiques, c’est également un passe-temps passionnant!

Si vous souhaitez en savoir plus et/ou faire part de vos observations pour enrichir la base de connaissances sur ces espèces, consultez iNaturalist, une base de données en ligne sur les espèces observées en Ontario et dans le monde.