Des milliards d’oiseaux empruntent les autoroutes migratoires de l’Ontario

Le billet d’aujourd’hui a été rédigé par Brad Steinberg, notre coordonnateur des programmes éducatifs du patrimoine naturel et de la formation. Ornithologue amateur passionné, Brad répertorie plusieurs « autoroutes migratoires » et le rôle que les parcs provinciaux jouent pour protéger les  Zones importantes pour la conservation des oiseaux au Canada.

Être pris dans le trafic est pénible. Particulièrement avec de jeunes enfants.

C’est la réflexion que je me suis faite récemment alors que j’étais coincé dans les embarras de circulation, parechoc contre parechoc, sur le Don Valley Parkway, en Ontario. (Et ce fut encore bien pire lorsque mon fils a annoncé à grands cris qu’il lui fallait de toute urgence satisfaire un besoin naturel.)

Mais aussi frustrantes qu’elles puissent être, elles sont d’une importance vitale pour nous, nous offrant un moyen fiable de nous rendre d’un endroit à un autre.

La nature aussi a besoin de routes

Non pas de routes en asphalte (elles peuvent en fait être néfastes pour la nature – lisez sur les écopassages ici), mais des étendues de forêts ininterrompues reliant des zones naturelles les unes aux autres pour que chaque animal puisse migrer et se déplacer à travers la nature. Ces corridors naturels sont particulièrement importants pour aider la flore et la faune (y compris les espèces de nos parcs) à s’adapter aux changements climatiques.

En fait, les routes (ou corridors) et les habitats pour la faune sont une des choses auxquelles nous pensons lorsque nous créons des parcs et des zones protégées.

Tundra Swans
Cygnes siffleurs survolant le marais Thedford près du parc provincial The Pinery.

Les voies migratoires pour les oiseaux sont particulièrement importantes parce que nombre d’entre eux font un trajet d’une longueur périlleuse lors de leur migration. Certains font même chaque année l’aller-retour entre la forêt boréale et l’Amérique du Sud.

Nombre de ces voies sont désignées ZICO

Au Canada, des ornithologues (scientifiques étudiant les oiseaux) ont créé un programme pour identifier et préserver les habitats essentiels pour les populations aviaires du Canada et en assurer le suivi. Ils sont appelés Zones importantes pour la conservation des oiseaux (ou ZICO pour faire court).

Protéger les ZICO est une façon concrète de préserver la biodiversité. Les habitats des oiseaux ne sont pas uniquement utilisés par eux mais également par les mammifères, les grenouilles, les insectes et les poissons qui font partie intégrante de notre patrimoine naturel.

Nombre de nos parcs provinciaux sont également des ZICO

Et cela comprend notre plus grand parc : le parc provincial Polar Bear. Polar Bear protège l’un des milieux humides les plus vastes au monde, qui est l’habitat estival d’un quart de millions de petites oies des neiges.

De nombreuses ZICO situées dans des parcs sont également des aires de repos sur le parcours migratoire des oiseaux. Après avoir traversé au complet le lac Ontario ou le lac Érié au cours de leur migration, les oiseaux sont évidemment exténués.

flock of birds

Les langues de terre qui s’avancent dans l’eau attirent les oiseaux fatigués comme des aimants – et nombre de ces aires de repos ont été désignées ZICO et se trouvent dans des parcs, notamment les parcs provinciaux Rondeau, Long Point, Presqu’ile, The Pinery, Fish Point et Lighthouse Point.

Un de nos parcs les plus récents est également une ZICO

Eastern towhee
Tohi à flancs roux

Le parc provincial Carden Alvar — devenu un parc provincial réglementé il y a tout juste deux ans — est un des repaires préférés des ornithologues, des botanistes et des naturalistes, qui y sont tous attirés par l’étrange et impressionnant éventail d’habitats et de faune.

Cet habitat plutôt rare (un écosystème de roches plates couvertes de minces couches de terre) accueille une étonnante diversité d’oiseaux de prairies et est un endroit merveilleux pour admirer ces espèces en péril que sont la pie-grièche migratrice, le tohi à flancs roux et le merlebleu de l’Est.

Voici quelques autres ZICO se trouvant dans des parcs provinciaux :

Parc provincial Presqu’ile

shorebirds
Un observateur tranquillement installé à Owen Point verra souvent un petit groupe d’oiseaux de rivage passer à quelques mètres de ses pieds. C’est suffisamment près pour qu’il puisse entendre les pépiements qu’ils se lancent les uns aux autres et leurs interactions subtiles alors qu’ils se bousculent pour attraper les meilleures bouchées dans les algues (une activité qui nous fait toujours sourire).

Saviez-vous que 81 % de tous les oiseaux de rivage qui se reproduisent en Amérique du Nord ont été observés dans le parc provincial Presqu’ile?

Pour nombre d’espèces, les Grands Lacs sont un obstacle important à franchir et les langues de terre qui s’avancent dans le lac Ontario les attirent. C’est particulièrement le cas pour de petits oiseaux chanteurs comme les parulines, les grives, les moucherolles et les bruants. Certains jours de mai ou septembre, on peut observer jusqu’à 75 espèces différentes de petits oiseaux. Les habitats de Presqu’ile sont également importants pour de plus gros oiseaux qui peuvent traverser sans problème de vastes étendues d’eau, comme les goélands, les hérons, les cormorans et les canards.

Réserve naturelle provinciale Lighthouse Point et réserve naturelle provinciale Fish Point

heron

Situées sur l’île Pelée, les forêts de feuillus et les marais de ces parcs abritent de larges concentrations d’oiseaux chanteurs lors des migrations de printemps et d’automne. Plusieurs espèces en danger – notamment le bruant de Henslow (mondialement quasi menacé et nationalement en danger),  la paruline orangée (nationalement en danger), et la paruline à capuchon (nationalement en danger) — sont présentes.

Plusieurs espèces d’oiseaux aquatiques se rassemblent souvent dans les marais, sur les barres de sable et sur les eaux au large de l’île. On observe régulièrement des milliers de cormorans à aigrette ainsi que diverses espèces d’oiseaux de rivage, de goélands et de hérons, comme le bécasseau variable, le goéland argenté, la grande aigrette, le grand héron et le bihoreau gris.

Parc provincial Rondeau

Barn swallow
Hirondelle rustique

Située sur une péninsule qui s’avance dans les eaux du lac Érié, le parc est une ZICO d’importance mondiale et une aire de repos importante pour les oiseaux qui entreprennent leur longue migration vers le nord au printemps, ou vers le sud à l’automne.

De nombreuses espèces en danger à l’échelle nationale nidifient à Rondeau – notamment le fuligule milouinan, le cygne siffleur (4 % de la population de l’Amérique du Nord),  le garrot à oeil d’or, le tourne-pierre à collier et la sterne de Forster — et le parc accueille habituellement la plus vaste population de parulines orangées au Canada au moment de la reproduction. Le moucherolle vert et le râle élégant se reproduisent également à Rondeau.

Parc provincial Long Point

Au moins huit espèces de sauvagine sont présentes en nombre relativement important (c’est-à-dire supérieur à 1 % de la population mondiale) : le cygne siffleur, le canard noir, le fuligule à dos blanc, le fuligule à tête rouge, le fuligule milouinan, le petit fuligule, le harle huppé et l’érismature rousse. 

En plus de la sauvagine, Long Point accueille également un nombre et une diversité exceptionnelle d’oiseaux terrestres résidents et migrateurs. Un total de 398 espèces d’oiseaux ont été répertoriées à Long Point à ce jour. Cela représente environ 81 % des espèces répertoriées en Ontario jusqu’à présent.

Parc provincial The Pinery

baltimore oriole
Un oriole du Nord observé à The Pinery

Le parc provincial The Pinery accueille une concentration exceptionnelle d’espèces d’oiseaux en danger, notamment la paruline à capuchon, le moucherolle vert, le pic à tête rouge, la paruline azurée, la paruline hochequeue et la buse à épaulettes.

Un grand nombre de parulines et d’autres oiseaux chanteurs se rassemblent également dans les forêts le long du rivage pendant les migrations de printemps et d’automne.

Parc provincial Polar Bear

Northern pintail at Polar Bear
Canard pilet

Polar Bear protège des paysages d’importance internationale, notamment le troisième plus grand milieu humide au monde, qui comprend non pas une mais deux ZICO d’importance mondiale.

On y trouve la plus grande colonie de reproduction de petites oies des neiges en Ontario (environ 280 200 oies s’y rassemblent chaque été!). De plus, au moins 6 % de la population de bernaches cravant d’Amérique du Nord utilise le cap Henrietta Maria comme aire d’étape au cours de la migration au printemps et en automne.

N’oubliez pas de communiquer vos observations!ebird

Les citoyens scientifiques jouent un rôle important dans la protection de nos amis à plumes. En fait, IBA Canada obtient beaucoup de ses informations sur les populations d’oiseaux de programmes comme eBird. Si vous êtes un ornithologue amateur vous pouvez jouer un rôle crucial dans le répertoriage et la protection des espèces d’oiseaux de l’Ontario.

Alors, lorsque vous explorez un de ces parcs (ou n’importe quelle ZICO en Ontario), faites état de vos observations!

Vous pouvez également communiquer avec votre gardien local de ZICO pour savoir de quelles autres façons vous pouvez aider.