Des centaines de goélands en vol et debout sur un sol de terre recouvert de chardon et d’herbe en arrière-plan

À coups de bec à Presqu’île : Les colonies d’oiseaux des îles High Bluff et Gull

Cette publication a été rédigée par David Bree, chef de file en éducation au patrimoine naturel du parc provincial Presqu’île.

Même si Presqu’île n’est pas le parc le plus achalandé en Ontario, il peut être très animé durant l’été. Toutefois, il serait difficile pour la plupart des gens de deviner où règne la plus grande agitation dans le parc.

Il ne s’agit pas de la file d’attente du vendredi pour réserver votre emplacement de camping, pas plus que de la plage un dimanche ensoleillé au mois de juillet. Il ne s’agit pas non plus de la file d’attente pour acheter une crème glacée au magasin du parc par une chaude journée d’été.

Il s’agit d’un endroit où très peu de campeurs se rendent…

C’est la cacophonie chez les oiseaux!

Avec des voisins qui se chamaillent et des oisillons qui jacassent, l’île Gull est tellement peuplée qu’il est impossible de quitter votre espace désigné de 61 cm2 sans vous attirer des reproches et recevoir des coups de bec.

Des coups de bec?!

Bien sûr! Ce n’est pas un endroit pour les humains, mais plutôt un endroit réservé aux oiseaux. L’île Gull (ainsi que l’île High Bluff avoisinante) constitue l’endroit où l’on trouve la colonie d’oiseaux aquatiques la plus diversifiée des Grands Lacs. Au total, on y compte sept espèces d’oiseaux aquatiques coloniaux qui y font leurs nids chaque printemps.

Deux-cent-cinquante-mille oiseaux

Pendant la saison de reproduction avec les oisillons dans le nid, il y a environ 250 000 oiseaux sur les îles. Même si les deux îles accueillent un grand nombre d’oiseaux, c’est à l’île Gull qu’on en trouve le plus.

Des centaines de goélands se tiennent debout en regardant l’eau alors que d’autres volent sous un ciel gris.

Espace de nidification fortement convoité

Comme il n’y a pas d’arbres sur l’île,  tous les oiseaux de l’île Gull construisent leur nid par terre et les espaces de nidification sont fortement convoités. Il est avantageux de s’y rendre tôt et de réserver sa place.

Parmi les cinq espèces qui font leurs nids sur l’île Gull, les goélands sont les premiers arrivés. Les goélands à bec cerclé et les goélands argentés commencent à choisir leur espace en février. Toutefois, la construction des nids se fait un mois plus tard.

Une sterne caspienne qui se pose sur l’eau bleu-gris foncée du lac.
Sterne caspienne

Les cormorans à aigrettes arrivent au début du mois d’avril et les sternes caspiennes, quant à elles, arrivent un peu plus tard. Les sternes pierregarins sont de loin les plus petits oiseaux et elles n’arrivent pas avant la fin du mois d’avril. Comme  l’île déborde déjà d’oiseaux à cette période de l’année, cette petite espèce en déclin éprouve beaucoup de difficulté à s’installer. Leur situation était tellement précaire que, quelques années avant 2014, les sternes pierregarins ne réussissaient pas à élever le moindre oisillon!

Sauver les sternes pierregarins

Ici, les scientifiques de la Pennsylvania State University ont mené des recherches pendant neuf ans sur la sterne pierregarin pour apprendre comment nous pouvons aider cette espèce.

Deux sternes pierregarins sont perchées sur un fil jaune et on peut apercevoir de l’eau à l’horizon.
Les sternes pierregarins sont perchées sur un quadrillage

Depuis 2014, une partie de l’île Gull dispose d’un quadrillage ficelé surélevé. Seules les sternes pierregarins peuvent atterrir à l’intérieur des carrés, car ils sont trop petits pour les autres oiseaux. Ces carrés leur offrent un espace de nidification où les oisillons sont protégés des prédateurs.

Des voisins malcommodes

Toutefois, les autres espèces sont laissées à elles-mêmes. Elles réussissent à se frayer un chemin vers un espace de nidification pour élever leurs petits. Le taux de réussite varie d’un oiseau à l’autre. Durant l’été et le printemps, les oiseaux doivent protéger leur espace et le matériel de construction du nid contre leurs voisins. De plus, ils doivent éviter des centaines de coups de bec pour apporter de la nourriture à leurs petits.

Il ne faut pas oublier le bruit! 

Par une journée calme, on peut facilement entendre les cris d’oiseaux de l’île Gull partout dans le parc. Imaginez si vous étiez là!

Pourquoi l’île Gull?

Pourquoi les oiseaux font-ils cela? Pourquoi prennent-ils part à cette galère? La nidification en groupe a ses avantages. Tous ces becs servent de protection contre les prédateurs. Les faucons et les hiboux ne réussissent généralement pas à s’infiltrer dans une colonie.

Des centaines de goélands en vol et debout sur un sol de terre recouvert de chardon et d’herbe en arrière-plan.

Il est également important pour les oiseaux d’établir leur nid sur une île pour se prémunir contre les prédateurs terrestres, comme les renards, les ratons laveurs et les coyotes. Il y a très peu d’endroits comme celui?ci; c’est la raison pour laquelle l’île Gull est tant convoitée.

L’île Gull comporte aussi ses désavantages

En effet, l’île est un peu trop près de la terre ferme. Il y a des années où des prédateurs s’y rendent. Les renards et les coyotes y ont occasionnellement joué les trouble-fêtes. Leurs attaques obligent parfois les oiseaux à abandonner leur nid. Toutefois, au nombre d’oiseaux présents, ces derniers parviennent habituellement à les chasser de leur île.

Depuis quelques années, les colonies de l’île High Bluff ne sont pas aussi nombreuses. Une famille de renards avait fait fuir une colonie entière de cormorans de l’île en 2013 et 2014. La colonie s’est rendue à l’île Gull, bien évidemment, comme si elle n’était pas déjà assez bondée!

Malgré toute la vantardise à leur égard, ces colonies sont très vulnérables aux perturbations

C’est la raison pour laquelle il est interdit de visiter ces îles du 10 mars au 10 septembre. Cependant, les îles sont ouvertes au public le reste de l’année et les gens se rendent à l’île Gull en grand nombre.

De nombreux goélands débout et en vol autour d’un écriteau sur lequel on peut lire «?Accès INTERDIT aux îles High Bluff et Gull ET interdiction d’être à 200 mètres de leurs lignes de rivage du 10 MARS au 10 SEPTEMBRE.?»

Une visite au mois de septembre promet d’être une aventure intéressante et éducative

Il est généralement possible de s’y rendre en traversant à gué, si cela ne vous dérange pas. Le niveau d’eau est rarement plus haut que 50 centimètres et la traversée ne requiert pas trop d’effort.

La plupart des gens s’y rendent pour observer les oiseaux migratoires, mais une visite au mois de septembre après le départ des oiseaux donne un véritable aperçu de la vie des oiseaux aquatiques. Vous pouvez voir la différence entre les cormorans qui construisent des plateformes de branchages et les goélands qui creusent un trou dans le gravier. Le quadrillage utilisé par les sternes pierregarins peut également être examiné.

Le côté plus sombre…

Il appert également que de nombreux oiseaux ne survivent pas la saison estivale. Les corps desséchés des petits et des adultes plus infortunés gisent partout. La nature peut sembler cruelle, mais la rivalité assure que le plus fort l’emporte pour permettre la survie de l’espèce.

La rivalité est particulièrement féroce entre les nombreuses espèces d’oiseaux aquatiques qui se disputent une place sur l’île effervescente, cette colonie d’une importance cruciale.

Vous pouvez observer la colonie depuis la pointe Owen pendant la saison de reproduction ou vous pouvez sauter à pieds joints dans l’eau au mois de septembre pour visiter l’île!