Gros plan d’un lièvre d’Amérique blanc au parc provincial Lac Supérieur

Comment 6 espèces présentes dans les parcs de l’Ontario survivent à l’hiver

Le billet d’aujourd’hui a été rédigé par Connor Oke, interne en marketing à Parcs Ontario, d’après l’information fournie par Mark Read, garde principal pour le programme Découverte au parc provincial Murphys Point.

Si le Canada est réputé pour une chose, c’est bien pour ses hivers longs et froids.

Les animaux sauvages dépendent de l’évolution et des capacités d’adaptation naturelle pour survivre jusqu’au printemps. Les stratégies qu’ils ont développées sont variées et tout simplement incroyables.

Voici six espèces fauniques des parcs de l’Ontario et leurs six façons différentes de passer l’hiver :

Tortues : la vie au fond du lac

Normalement, les tortues utilisent leurs poumons pour respirer. Toutefois, elles passent l’hiver submergées au fond de lacs et d’étangs gelés.

Alors comment se procurent-elles l’oxygène dont elles ont besoin?

Gros plan d’une tortue peinte du Centre au parc provincial Bonnechere
Tortue peinte du Centre au parc provincial Bonnechere

Sachez que la température corporelle d’une tortue change selon son environnement. Au fond d’un lac, la température peut descendre jusqu’à 4º C. Ainsi, le métabolisme de la tortue et par conséquent ses besoins en énergie et en oxygène diminuent.

Les tortues peuvent donc obtenir les petites quantités d’oxygènes dont elles ont besoin grâce à un processus appelé « respiration cloacale ».

En termes simples, elles respirent par leur extrémité arrière.

La peau à cet endroit est douce et fine et favorise l’échange naturel d’oxygène et de dioxyde de carbone avec l’eau.

Tortue serpentine dans l’eau
Tortue serpentine au parc provincial Awenda

Cependant, les niveaux d’oxygène au fond d’un lac gelé sont parfois bas. Dans ces cas, certaines tortues peuvent passer à un type de métabolisme (respiration anaérobie) qui ne demande pas du tout d’oxygène.

Ce type de respiration peut être dangereux, car il provoque une accumulation d’acide lactique, mais certaines tortues, comme les tortues serpentines, peuvent même en neutraliser les effets nocifs en utilisant le calcium dans leurs carapaces.

Marmottes : de véritables animaux hibernants

Selon le mythe, si une marmotte voit son ombre le 2 février, cela signifie encore six semaines d’hiver. Ce n’est peut-être pas vrai, mais ce qui est intéressant au sujet des marmottes, c’est qu’elles sont l’un des rares véritables animaux hibernants du Canada.

Photo : Simon Lunn

À l’approche de l’hiver, les marmottes s’enfouissent dans des terriers sous la ligne de gel et entrent dans une longue période d’inactivité. Leur température corporelle passe de 35 ° C à 6 ° C et leur fréquence cardiaque chute de 100 battements par minute à seulement 15 battements par minute. Elles ne respirent qu’une fois toutes les cinq à six minutes.

Pendant ce temps, elles survivent en puisant dans des réserves de graisse et leur masse corporelle globale peut diminuer de moitié.

Anax précoces : migration semblable à celle des monarques

Les papillons monarques peuvent attirer toute l’attention par leur vol saisonnier vers le sud, mais les libellules anax précoces ont une façon similaire de composer avec l’hiver : le quitter complètement.

En fait, le modèle de migration de l’anax précoce ressemble à bien des égards à celui du monarque. Tout comme les monarques effectuent leur voyage sur plusieurs générations, celui des anax précoces s’étend sur trois générations.

Gros plan d’une libellule anax précoce
Anax précoce au parc provincial Rondeau

Vers février, une première génération d’anax précoces au Texas ou au Mexique commence à voler vers le nord où ils pondent leurs œufs dans des étangs puis meurent. Lorsque la nouvelle génération éclot, certaines de ces libellules voleront vers le sud la même année, tandis que d’autres passeront l’hiver dans le nord sous forme de nymphes.

Les libellules qui vont au sud pondront également leurs œufs et mourront, laissant la place à une nouvelle génération qui passera toute sa vie dans le sud. Ensuite, le cycle se poursuit.

Chenilles hérissonnes : résistance au gel

L’isia isabelle, mieux connue sous le nom de chenille hérissonne, est inhabituelle en ce sens qu’elle passe l’hiver sous forme de chenille. Ces chenilles éclosent à l’automne et se nourrissent tard dans la saison avant de s’abriter sous les bûches et les piles de feuilles pour rester au chaud.

Chenille hérissonne sur une bûche au parc provincial Mark S. Burnham
Chenille hérissonne sur une bûche, en automne, au parc provincial Mark S. Burnham

Malgré tout, même sous tout cet isolant, les températures peuvent descendre sous le point de congélation. Pour une chenille ordinaire, ce serait une condamnation à mort. Cependant, les chenilles hérissonnes produisent un antigel dans leur sang appelé glycérol. Elles peuvent ainsi résister à des températures descendant jusqu’à -8º C sans que des cellules soient endommagées.

Lorsque le printemps arrive enfin, les chenilles dégèlent avant de continuer à se nourrir pendant quelques semaines. Puis, à la fin du printemps, elles se chrysalident avant de se transformer en un magnifique papillon de nuit.

Chauves-souris : confrontées à de nouvelles menaces

À l’instar des marmottes, cinq des huit espèces de chauves-souris de l’Ontario s’installent pour hiberner (les trois autres migrent vers le sud). Leur métabolisme, leur fréquence cardiaque et leur respiration diminuent tous pendant cette période.

Chauves-souris présentant le syndrome du museau blanc
Chauves-souris présentant le syndrome du museau blanc

Malheureusement, une maladie introduite appelée syndrome du museau blanc menace les chauves-souris en hibernation. C’est un champignon blanc qui se répand sur le visage et les ailes des chauves-souris, les irritant et les réveillant plus tôt. Éveillées, elles puisent à même leurs réserves de graisse essentielles pour les aider à survivre à l’hiver.

Des parcs, y compris le parc provincial Pinery, effectuent des recherches poussées sur cette menace.

Lièvres d’Amérique : l’art du camouflage

L’appellation traduite de l’anglais du lièvre d’Amérique est évocatrice, « lièvre à raquette »; ses énormes pattes postérieures lui procurent une grande surface portante, à la manière de raquettes, ce qui lui permet de se déplacer rapidement sur la neige et d’échapper aux prédateurs.

Mais ce n’est pas la seule capacité d’adaptation hivernale des lièvres d’Amérique. Si ce n’est que le bout de leurs oreilles, ils deviennent complètement blancs, ce qui les aide à se fondre dans leur environnement enneigé. Les récepteurs dans leurs yeux, qui sont sensibles à la longueur du jour, déterminent le moment du changement de couleur.

Lièvre d’Amérique en été et en hiver
Lièvre d’Amérique au parc provincial Lac-Supérieur

À mesure que la lumière du jour diminue et que l’hiver approche, les récepteurs déclenchent une réduction de la production de mélanine pigmentaire, ce qui donne à la peau et au pelage du lièvre leur couleur sombre. Ce phénomène transforme la fourrure en un camouflage naturel sur la neige. Bonne chance pour les repérer maintenant!

Apprenez en plus sur les capacités d’adaptation hivernale de nos animaux sauvages

Ce ne sont que quelques exemples des capacités d’adaptation auxquelles les animaux en Ontario ont recours pour survivre à l’hiver.

Saviez-vous que les ours noirs peuvent donner naissance pendant leur hibernation ? Ou que les oiseaux comme les canards, les oies et les cygnes peuvent éviter les pertes de chaleur en refroidissant le sang envoyé à leurs pattes?

Toutefois, de toutes les façons dont les animaux survivent à l’hiver, le cas des grenouilles pourrait être le plus intéressant. Consultez notre article complet sur les grenouilles ici.